dimanche 17 juillet 2011

Bobby Holcomb


Bobby Holcomb aurait eu 64 ans aujourd'hui si une longue maladie ne l'avait emporté le vendredi 15 février 1991 à Huahine. L'évocation de son seul prénom reste toujours synonyme d'un style original de la musique et de la peinture polynésiennes des années 80. Bobby était alors le symbole d'un véritable renouveau culturel et depuis ses peintures et ses chansons sont entrées de plein pied dans le patrimoine polynésien.
Né en 1947 a Hawaii, dans l'île de Oahu, d'un père noir originaire de l'Etat américain de Géorgie et d'une Hawaiienne mi-portugaise, Bobby s'intéressera très tôt aux légendes des îles du Pacifique et à l'art sous toutes ses formes. Ses dons pour la musique et la peinture, c'est en parcourant le monde qu'il les perfectionna à travers des rencontres avec d'autres artistes de renom dont Dali pour l'art pictural et Franck Zappa pour la musique.
Bobby arrive à Tahiti en 1976 et décide rapidement de s'installer dans le village de Maeva à Huahine. Là il deviendra vite une célébrité locale, tant par son ouverture d'esprit que pour son intégration forcenée dans la culture tahitienne, dans laquelle il retrouva toute la dignité d'un peuple que Hawaii avait perdue des décennies auparavant. Homme au visage souriant et au regard doux, son style devint désormais invariable : short et savates, chemise pareu, un chapeau niau entouré d'une couronne de fleur vissé sur la tête et un panier niau coincé sur les épaules, il avait adopté l'uniforme du Tahitien de milieu rural et îlien. Seuls ses cheveux tressés style "rasta" le différenciait et lui donnait un air de dieu polynésien sorti tout droit d'une légende, style qui est d'ailleurs depuis et toujours devenu le "must" du jeune Tahitien genre "hombo" qui soigne sa "polynésiennité". 
Son succès musical est basé sur deux fondations : la réussite d'avoir su "mixer" la musique "Reggae" aux mélodies tahitiennes, et le fait d'avoir appris le reo ma'ohi, tel que la langue tahitienne commençait alors à être appelée.
Entre Bobby et la Polynésie commença alors une belle histoire d'amour, celle d'un artiste pour une culture, celle d'un homme pour un peuple. A Huahine ou à Tahiti, il partagea les révoltes d'une population tahitienne qui avait du mal à entrer dans le "monde moderne". Il milita contre les essais nucléaires et lança des campagnes contre la pollution tout en prônant un retour aux racines, utilisant des clips vidéo de ses chansons pour mieux faire passer les messages. Mais c'est surtout sur le plan culturel que son impact sera le plus important, en particulier au niveau des jeunes. A Huahine sa maison était ouverte à tous. Il écouta les Polynésiens qui venaient le voir, ce qui lui permit de perfectionner son reo ma'ohi. Sa générosité naturelle, sa bonne humeur perpétuelle s'inscrivaient tout à fait dans la tradition polynésienne.
Mais l'autre fantastique facette des dons de Bobby était sa peinture, si originale et tellement porteuse d'une immense sensibilité. Le miracle a fait que les tableaux de cet immigré hawaiien fou de Tahiti sont devenus la seule source d'illustration pour les nombreuses et magnifiques légendes tahitiennes.

Voilà trois vidéos pour écouter sa musique et voir de très belles images de la Polynésie.

My Island Home
Porinetia
http://www.youtube.com/watch?v=jbApug3DwD4&feature=player_detailpage

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire