mercredi 26 janvier 2011

Une flore jeune mais bien spécifique

Âgées de «seulement» quelques millions d’années, les îles de Polynésie française n’ont pas vécu la longue histoire de l’apparition de la vie sur les continents, qui s’étend sur des centaines de millions d’années. Îles d’origine volcanique, elles émergent alors que tous les grands groupes végétaux sont déjà apparus sur la planète.
Par ailleurs, leur éloignement des grandes masses continentales fait que ces anciens volcans, dont certains disparaîtront en ne laissant qu’un atoll à fleur d’eau, mettront encore des milliers d’années pour accueillir et permettre la croissance d’une flore essentiellement venue par la voie des airs, grâce à la dispersion par les vents et les oiseaux de pollen et de graines. Des espèces ont aussi pu arriver au gré de la dérive de leurs graines se laissant porter par les courants océaniques (comme les noix de coco).

Néanmoins, ces caractéristiques à priori défavorables, à l’origine d’une relative pauvreté de la flore originelle, sont aussi source d’un fort endémisme, les espèces se modifiant pour évoluer face à des contraintes spécifiques.
On compte ainsi un peu plus de 300 espèces végétales endémiques à fleurs, malheureusement souvent limitées de nos jours à des niches écologiques isolées (fonds de vallées, sommets inaccessibles), dont la fameuse
tiare 'apetahi, qui ne fleurit que sur les pentes du Temēhani, principal sommet de l’île de Ra'iātea (îles Sous-le-Vent).

Un millier d’espèces végétales indigènes ont été également recensées, dont 570 espèces végétales à fleurs, fruits de la migration naturelle d’espèces originaires du Pacifique Ouest.
En Polynésie, comme partout ailleurs, les conditions d’altitude et d’humidité conditionnent, bien entendu, la présence naturelle de telle ou telle espèce ou variété. Les sommets nuageux des îles hautes accueillent ainsi des fougères arborescentes de plusieurs mètres de hauteur qu’on ne trouve pas ailleurs. Dans les vallées, de grands chataigners tropicaux ou
māpē (Inocarpus fagifer) prennent appui sur de spectaculaires et curieusement sonores racines aériennes.
La végétation des atolls, avec leurs sols coralliens salés et peu recouverts d’humus - évidemment très différente de celle des îles hautes – a réussi à s’adapter à ces conditions difficiles, bien que subissant par ailleurs des embruns marins permanents et un ensoleillement puissant.

Des nombreuses plantes introduites par l’homme
De nombreuses plantes ont été introduites par l’homme, au fil des siècles, certaines après «domestication» par les humains du paléolithique, ancêtres des navigateurs migrants polynésiens qui ont occupé les premiers les îles du Pacifique. On trouve ainsi un certain nombre de plantes utiles présentes depuis plus de mille ans, comme les bananiers, les cocotiers et le tumu 'uru ou arbre à pain, objet de l’expédition de la Bounty en 1787.


On compte aussi parmi elles des tubercules comme le taro, l’igname,… et la patate douce, en provenance d’Amérique du Sud, ramenée sans doute lors d’expéditions poussées jusqu’au continent sud-américain.
Les navigateurs européens en introduisirent d’autres à leur tour, depuis le milieu du XVIIIème siècle, et ce en plusieurs vagues. On en compte aujourd’hui plus de 1.800 espèces, dont de nombreuses variétés fruitières - certaines ayant particulièrement bien profité des conditions édaphiques (sol+climat) régionales. C’est le cas, par exemple, du pamplemousse ou de l’ananas dont les qualités gustatives sont unanimement reconnues. On n’oubliera pas non plus la vanille, fruit de l’orchidée
Vanilla tahitensis, à l’arôme unique au monde.


L’enrichissement de la flore polynésienne par les humains ne s’est pas toujours réalisé de manière réfléchie et a été parfois préjudiciable à la conservation d’une biodiversité harmonieuse. On compte ainsi un certain nombre d’espèces introduites envahissantes, des « pestes végétales » comme "le miconia" (Miconia calvacens), qui s’imposent au détriment de toutes les autres espèces, accélérant le processus de destruction de plantes endémiques ou indigènes mal équipées génétiquement pour résister à ces envahisseurs. Ce qui justifie, aujourd’hui, le contrôle très strict de toute importation de végétaux.

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